Ultra Marin 2023: Explosion du RP en famille

9 Juillet 2023 , Rédigé par Runner Life Publié dans #ultratrail

Ah l'Ultra Marin, une aventure qui date depuis quelques années. J'avais commencé cette rencontre en 2015 avec le 87km devenu aujourd'hui un 100km, puis en 2017 je tente l'expérience du Grand Raid avec un DNF. J'avais pris ma revanche en 2021 en devenant enfin finisher du grand raid en 28h37'. Cette année 2023, je viens pour essayer d'explosé mon RP, mon objectif rêvé serait de passer sous les 24h, et dans le pire des cas mettre plus de 26h serait une déception. 

Ultra Marin 2023: un résultat inattendu partagé en famille

Pour une fois, je n'arrive pas le jour de la course mais la veille car nous allons vivre cette aventure en famille donc autant profiter un peu du camping le vendredi matin. Nous arrivons donc le jeudi sur les coups de 19h à Vannes pour le retrait des dossards accompagné par Yoann qui va lui effectuer pour la première fois le grand raid. 

Le retrait des dossards se passe bien, il y a un peu de monde mais cela passe rapidement. Nous récupérons notre boite de gâteaux (en carton cette année, fini les boites en métal réutilisable) On prend le temps de voir les potos: Philippe et Liliecorne (qui seront également sur le Grand Raid demain) 

Nous souhaitons allé déposer nos sacs d'assistance pour le ravitaillement du 89ème mais pas de chance, cela ne sera possible qu'à partir de demain matin. Nous irons donc demain après-midi juste avant le départ de la course. 

Direction le camping avec au menu salade de pâtes et salade de fruits. Un bon gros dodo et demain c'est le grand jour ! 

Vendredi 30 Juin

C'est le grand jour, tout le monde se réveille tranquillement: ma femme, mes filles, Yoann et moi. Un bon petit déj puis avec Yoann nous allons voir le départ du 100km, qui, pour la première fois prendra la bateau. Nous ne regardons que le départ du premier sas, car je veux retourner au camping pour profiter un peu de la piscine malgré le temps pluvieux. De retour au camping, je vais rejoindre ma femme et mes filles à la piscine et direction les Toboggans ! Ma femme et Yoann me disent "ne vas pas te blesser" Résultat des courses: un tour en toboggan une petite coupure au coude^^.

Après un bon repas (des pâtes bolognaises) place à une petite sieste de 45' histoire d'essayé de se reposer avant cette grande aventure. On ne pourra pas dire que j'ai dormi mais au moins j'ai pu me reposer et Yoann aussi. Nous voilà maintenant en tenue, les sacs sont prêts, il est l'heure de prendre la direction du départ tous ensemble. 

15h45 arrivée sur la zone de départ

Après avoir trouvé une place assez facilement au parking souterrain, nous voici sur place. Nous allons déposer nos sacs au stade de la Rabine et nous prenons place sur la zone de départ où nous retrouvons la famille de Yoann. 

Le temps est assez variable, nous avons par moment une petite pluie fine mais logiquement nous devrions échapper à la pluie durant la course (ça c'était selon les prévisions) Le stress monte, ou pas, j'en profite pour m'allonger un peu et essayer de me reposer, malgré le bruit présent.  On se retrouve avec d'autres copains: Philippe, Loic,... Remi et Blandine qui ont fait la route de Rennes juste pour venir nous encourager. 

Le départ approche, je fais un dernier bisous à ma femme et mes filles que je vais retrouver vers le kilomètre 10. Je sais qu'elles seront là pour m'encourager et ça fait plaisir. 

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Me voilà dans la zone de départ où il n'y a aucun sas malgré que cela soit indiqué sur nos dossards. Je ne comprends pas l'intérêt de choisir un sas pour ne pas en mettre finalement ! Je me retrouve avec de sas 1 comme moi mais aussi des sas 2,3 et même 4. Je croise du monde d'insta en réel, c'est cool (Laura avec qui nous étions déjà vu sur la Sainté-Lyon et Gregory, qui prend le départ de son premier ultra) 

De mon coté, je galère avec mon téléphone car on ne capte rien sur le port, ce qui n'est pas pratique pour envoyer le live track à ma femme. 

17h30 c'est l'heure du départ !

Avant le départ, c'est aussi l'heure de faire le point sur la forme du jour. Cela fait 4 semaines que je n'ai pas pu forcer, ni faire de grosses sorties à cause d'une douleur au fessier gauche survenue en jouant avec les filles que j'entraine au foot. Je ne dis rien mais la douleur est encore bien présente et je sais que soit ça passe soit ça casse. Mon objectif est simple, partir comme si je n'avais pas de douleur et nous verrons bien au fil de la course. 

L'ambiance monte doucement et nous partons avec un peu de retard. Nous commençons par faire une petite boucle dans le centre de Vannes lors de cette édition qui en plus change de sens cette année par rapport aux années précédentes. Visiblement, cela sera plus compliqué dans ce sens, nous verrons bien. 

1km: 6'03, mon live track est enfin activé, j'ai pu l'envoyé à ma femme, la course peut commencer. Il y a beaucoup de monde sur cette zone de départ. Le public est présent, c'est vraiment sympa ce passage dans la ville.  

On longe le port et je double Philippe, on s'encourage mutuellement et nous voilà parti pour cette folle aventure. Pour le moment, la météo est clémente, il ne fait pas trop chaud et il ne pleut pas, des conditions parfaites pour courir. 

5km: 28'12" Je rattrape du monde petit à petit et je me retrouve avec Laura, nous échangeons très rapidement puis je lui fausse compagnie mais pas pour longtemps. Il me tarde d'être au kilomètre 10 pour apercevoir ma femme et mes filles. Je sais aussi que Rémi m'attend pour que l'on fasse la boucle du purgatoire ensemble.

Les kilomètres défilent, je commence à ressentir une légère pointe au niveau du fessier pour le moment j'arrive à en faire abstraction. 

10km: 56'15 J'aperçois ma grande sur le bord de la route (très bon choix son pantalon vert, cela m'aide à les repérer :) ) Un bisous rapide et me voilà reparti. Je retrouve Remi et Blandine sur le bord de la route. Remi va donc m'accompagner sur la boucle et Blandine accompagnera Yoann. 

Nous partons tous les deux et c'est agréable d'avoir du monde avec moi sur un bout de chemin. Après quelques mètres, je crois reconnaitre Fanny devant moi qui habite à Londres et que je connais via Insta. C'est bien elle, on se retrouve tous les trois à discuter pendant 5-6km. Fanny nous explique qu'elle fait un ultra tous les mois, tranquille quoi ^^. Je lui mets la pression en disant qu'elle est sur la liste des favorites.

14,4km: 1h20' 174ème, passage au premier ravitaillement, je ne prends rien, nous venons de partir et j'ai largement ce qu'il faut pour atteindre les 28,7km qui marquent le prochain ravitaillement.  On continu d'avancer à un bon rythme. Remi me dit : " tu marches pas ? " "Non pas pour le moment on verra ça plus tard".

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Le fessier me gène de plus en plus, je ne dis rien à Rémi mais à chaque pas que je fais je ressens un point de pression à la basse de la fesse gauche...Dans ma tête je commence à me dire que ça ne sent pas bon.  Il faut faire le dos rond et on verra. 

22km: Remi me lâche, la boucle est quasiment finie, il va faire demi-tour pour retrouver Yoann et sa femme. Je lui dis que mon fessier me fait bien mal. Il me dit :" tu vas au bout, j'ai fini à St jacques alors tu finis". 

J'aperçois ma grande parmi la foule qui m'accompagne sur quelques mètres, je fais genre tout va bien en croisant ma femme, mes filles et la famille de Yoann. Le sourire, à ce moment là, est de façade. L'objectif est d'arrivé au prochain ravitaillement qui est prévu au 28,7ème km. 

Les paysages traversés sont vraiment magnifiques. C'est quand même super agréable de courir dans ce cadre avec la vue sur le Golf du Morbihan. Pour le moment, j'apprécie le changement de sens, le départ est plutôt facile et roulant. 

La pluie commence à faire son apparition et de mon coté, même si j'avance toujours bien, la douleur au fessier est de plus en plus présente. Le ravitaillement approche, j'envoie un message à ma femme pour lui dire de préparer des bandes de tapes. 

28,9km: 2h42' 157ème, j'arrive au ravitaillement mais je ne vois pas ma femme J'en profite pour manger un peu (de mémoire je prends un riz au lait, coca et st-yorre) J'appelle ma femme et je sors ma veste de pluie. Elle n'est pas arrivée, j'ai été trop vite^^ Elle m'attend un peu plus loin. Je croise Fanny, ou plutôt, elle me double dans la salle juste le temps de faire une photo.  

Me voilà reparti, la pluie commence à bien tomber. A la sortie du ravitaillement, je vois Didier le coach du club de Châteaubourg qui m'encourage et me demande comment ça va. "bof bof mais j'avance". Un peu plus loin je retrouve ma femme et mes filles, hop pose de tape sur le fessier gauche par ma petite femme.

Je repars sous la pluie qui s'intensifie, heureusement qu'il ne devait pas pleuvoir...Je m'efforce de courir mais mentalement je suis dans le dur, je me fait doubler, il pleut, à chaque foulée je sens un peu plus la décharge dans mon fessier, bref j'en ai plein le cul...

35km: 3h30, je me rapproche du prochain point d'eau où je pourrai refaire le plein de mes flasques. Il me reste pas mal d'eau, j'en profite pour boire un peu plus. Le temps est assez étrange, la pluie s'arrête puis reprend mais vu le ciel, cela semble parti pour durer toute la nuit. 

Mentalement je ne suis pas au mieux et physiquement non plus mais je continue d'avancé même si maintenant, en plus du fessier, j'ai une douleur à la cuisse droite. Je pense que je compense et que je modifie ma foulée. L'objectif, aller au prochain ravitaillement qui est juste après le marathon. Je continue de me faire doubler mais la route est encore longue.

Pour le moment, le parcours est assez simple, le circuit est roulant et les chemins empruntés ne sont pas boueux. 

42,7km: 4h22' 186ème, j'arrive au ravitaillement que je reconnais (dans l'autre sens j'étais dans le dur il y a deux ans, arrivé ici je m'étais arrêté pour me faire masser) Cette année, je suis aussi dans le dur mais nous ne sommes qu'au début de la course. Je prends un verre de coca, un verre de st yorre et une soupe chaude qui fait du bien. 

Je vais remplir mes flasques et je me fais rejoindre et doubler par Laura qui fait un ravitaillement express.  Je repars en mangeant une crêpe avec des carrées de chocolats.  Le reprise est dure, je marche un peu et je repars mais pas pour longtemps. 

44km environ, j'aperçois ma femme et mes filles avec Blandine et Remi devant l'église. J'arrive avec clairement une sale tête. Je dis que ca ne va pas, ma femme me pose un nouveau tape au niveau de la cuisse droite, je vais finir pire qu'une momie à ce tarif. 

Logiquement, c'était le dernier ravitaillement où je devais voir ma femme avant qu'elle aille coucher les filles sauf que clairement, je suis dans le mal et je lui demande de venir vers le 65ème qui est juste à coté du camping. Dans ma tête, si je suis dans le même état dans 22km c'est finito. 

Dans ma tête c'est dur car en partant mes filles me disent "Papa tu ne vas pas abandonner ?" Non, enfin je ne sais pas on verra mais je vais tout faire pour aller au bout. 

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Me voilà reparti, prochain ravitaillement prévu au 58ème, je repars tranquillement, nous sommes sur des portions de chemin, on longe la côte et malgré la nuit qui tombe on peut encore apercevoir la mer. Certains coureurs ont déjà sorti leurs frontales depuis un moment. Je décide d'en faire de même. 

Je reçois un appel de Jerem qui me demande comme ça va, il me dit que Yoann de son coté avance bien et ça me fait plaisir pour lui. Un peu plus loin, c'est Sylvain qui m'appelle et pareil, il me demande comment je vais sauf qu'il m'appelle au 49ème environ et qu'on arrive sur une portion de route. De mémoire cette portion est assez conséquente. Je dis à Sylvain "on arrive sur la route, c'est pour moi cette portion" 

Depuis quelques kilomètres déjà, j'essaie de me remotiver mentalement. Ma femme et mes filles sont là. La dernière fois qu'elles étaient là toutes les trois sur un ultra c'était en 2017 lors de mon abandon sur cette course. Je me dis dans ma tête pas deux fois devant mes filles, je les poussent à ne pas lâcher le morceau quand elles sont à l'école au sport alors je me dois de montrer l'exemple. J'ai même les larmes qui montent avec l'émotion. 

49ème: le déclic de la route ! 

Me voilà sur mon domaine de prédilection et dans ma tête c'est maintenant ou jamais pour me refaire la cerise. Je me mets à courir vraiment, je rattrape des coureurs, pas mal de monde qui venait de me doubler encore ! Un faux plat montant est face à moi, tout le monde marche, dans ma tête hors de question de marcher, je suis lancé, c'est fini, je vais peut-être au casse pipe mais j'y vais à fond ! Je passe de 7'/km à 6'15-20/km. 

Les kilomètres défilent, je suis clairement passé en mode machine, objectif: arriver au 58ème sans marcher en maintenant l'allure actuelle. Nous avons quelques portions de chemins qui longent la route. Perso, je me mets sur la route où je suis beaucoup plus à l'aise. Je double Laura, on s'encourage mutuellement, mais je ne reste pas avec elle, je suis trop bien là.

57,8km: 6h15' 183ème, j'arrive dans la salle, je tombe sur Fabien, qui me prends en photo rapide et m'encourage. Je reste vraiment pas longtemps, je prends un riz au lait, le temps de sortir ma fourchette et je l'avale en 2s. J'appelle ma femme pour lui dire de ne pas venir au 65ème et qu'elle peut se coucher.

En l'espace de 13km, la donne a changé du tout au tout, je ne suis plus le même coureur. Le moral est regonflé à bloc, je suis repartis et je pense même être capable d'allé chercher un sub 24h. Je double Fanny qui se plante de chemin avec un bénévole, on lui crie dessus. Je la vois faire demi-tour et je trace. 

J'avais renté une stratégie PacePro dans ma garmin, en gros j'avais rentré le parcours, mis mon objectif 24h et elle me propose des allures à suivre au kilomètre, que bien sûr, je n'écoute pas vu qu'elle ne tient pas compte des ravitaillements. En revanche, elle me donne mon temps d'avance ou de retard et là, j'ai de l'avance sur l'objectif, une 20aine de minutes de mémoire malgré le gros, très gros passage à vide.

Maintenant direction le prochain ravitaillement au 70ème où nous attaquerons une zone un peu plus trail pour le coup. 

Me voilà reparti même bien reparti car je fais les deux kilomètres sous les 6'/km à la sortie du ravitaillement avant de ralentir car nous arrivons sur des petits chemins et je suis solo depuis quelques kilomètres, il serait dommage de se planter de chemin. Quand je dis que je suis seul, je ne vois même pas une frontale devant ou derrière moi. 

64km: je passe pas loin du camping, là où potentiellement j'aurai pu abandonner mais pas aujourd'hui. Il pleut toujours, on arrive sur la côte et le vent commence à bien souffler. Je rattrape quelques coureurs et me fait également doubler par les relais le plus souvent. 

70km: 7h41' 125ème, St Gildas de Rhuys, à ce moment le vent souffle fort de face avec la pluie, les conditions sont parfaites... Je m'arrête rapidement une fois de plus et je repars en essayant de garder une bonne allure malgré un circuit qui est un peu plus technique. 

Nous traversons des plages dans le sable, je ne force pas et préfère marcher de peur de réveiller ma douleur au fessier avec des appuis instables. Les conditions sont tout de même assez rudes. Il pleut moins fort qu'il y a deux ans mais ce vent de face use physiquement et mentalement. 

L'objectif maintenant est simple, le prochain ravitaillement pour se changer et ensuite la traversée en bateau. Avant cela, il faut continuer d'avancé. Par moment nous avons deux options: courir sur le chemin piéton en stabilisé derrière les poteaux ou sur la route. Vous vous doutez bien de mon choix, c'est la route. 

89km: 10h09' 120ème, Arzon stade me voilà, il y a deux ans, arrivé ici j'étais hs. Là je suis bien, je récupère mon sac, trouve une place pour m'installer. Je me change, chaussettes, short, t-shirt, chaussures. Pendant ce temps, mon portable charge. J'échange avec un coureur qui est plus traileur et qui galère sur les portions de route alors que moi c'est tout l'inverse. 

Je croise Marie des ASICS FrontRunner qui fait l'assistance de son papa qui est dans le dur mais il va s'accrocher. De mon coté, je vais prendre un riz au lait et me voilà reparti.  Pour à peine 3km avant de faire la traversée en bateau.

91,5km: 11h02' 116ème, j'arrive sur la zone, on nous donne un poncho puis le gilet de sauvetage. Truc énorme, la personne qui me place le gilet me dit "vous êtes le coach de foot de Châteaubourg ! Oui !" Elle coach les jeunes à Chateaugiron une commune proche de la mienne. Assez improbable de se retrouver ici.

Je me dirige vers le bateau, il y a du monde donc je prendrais le 3ème qui arrive (ce qui n'est pas dérangeant vu que le chrono est arrêté lorsque l'on passe l'embarcadère) 

C'est mon tour, je monte avec 7 autres personnes dans le bateau et cette année c'est mouvementé, on se prend des vagues de flotte en pleine tronche, heureusement que le poncho est là car sinon j'aurai fini trempé avec des affaires propres. 

91,5km: Locmariaquer, c'est l'heure descendre, les premiers pas sont compliqués, il faut déverrouiller les jambes tranquillement car rester assis n'était pas bon plan pour ma fesse.  L'avantage c'est que je connais un peu le parcours et je sais que nous allons avoir un peu de route ce qui va faciliter la relance. 

Le jour se lève tranquillement avec vue sur l'océan ce qui nous offre un paysage magnifique. L'objectif maintenant, c'est le prochain ravitaillement au 106ème kilomètre où je dois retrouver ma femme et mes filles. 

J'en profite pour regarder sur l'application où en sont les copains et tout le monde semble avancer plutôt bien, que ce soit Yoann ou Philippe sur le 175km mais aussi Nicolas et Louis sur le 100km. De mon coté, l'application m'annonce au 106ème pour 7h08'. J'avance mais j'ai un petit coup de mou là. Il va falloir faire le dos rond avant de pouvoir repartir.

100km: 12h18', le passage au 100km fait du bien mentalement et un rapide calcul de tête me dit que je dois faire 75km en 11h40 environ ce qui nous donne moins de 7km/h. A ce moment là, ça me rebooste pour allé chercher ce chrono et me voilà reparti. Pas longtemps car je m'arrête faire une pause pipi. Oui, oui, je m'en souviens car c'est à ce moment que Yoann m'appelle pour savoir où j'en suis et comment je vais. Nous arrivons à échanger rapidement car nous avons du mal à capter à moins que l'un de nous passe sous un tunnel^^

106km: 12h54' 115ème, j'arrive en avance par rapport à l'heure annoncée par l'application. C'est étrange car l'arrivée dans cette salle est ultra calme, blanc, neuf...cela diffère des autres salles où il y avait beaucoup de monde. Je fais un arrêt express: coca, st-yorre, riz au lait. J'échange rapidement avec la team ruban bleu et me voila reparti, prochain ravitaillement dans 15km. 

En sortant je me dis, merde j'ai pas remplis mes flasques, je regarde vite fait leurs états, ça doit passer pour 15km. Je n'ai pas vu ma femme et mes filles au ravitaillement je suis arrivé trop vite ^^. Je devrai les croiser sur la route prochainement. 

Je croise enfin ma famille un peu plus loin sur la route, ça fait du bien au moral de les revoir après cette longue nuit pluvieuse qui c'est quand même bien passée. Je garde l'objectif en tête du sub 24h et j'ai pour le moment environ 20-25' d'avance selon ma montre. 

L'arrivée du prochain ravitaillement est proche mais cette portion est un peu plus trail, j'ai un petit coup de mou alors j'avance beaucoup moins vite d'un coup. Je laisse passer, je sais que le ravitaillement est proche, je reconnais l'endroit, moins de 4km à faire. Un bénévole nous indique escalier et après c'est le ravitaillement, je lui demande s'il n'y pas une option toboggan plutôt^^

121km: 14h49' 88eme. En bas des escaliers je retrouve ma femme et mes filles. Je remplis mes flasques, vais chercher une soupe, on change le tape au niveau de la cuisse car il se décolle et me voilà reparti doucement ^^

Un de mes objectifs est rempli, passer le Bono avant le départ du 56, je sais que quand ils me rattraperont, il faudra se ranger mais voir du monde sera agréable. Il y a trois ASICS Frontrunner qui prennent le départ et j'avoue qu'au fond de moi j'aimerai bien qu'ils ne me rattrapent pas. 

La reprise est dure, je passe un kilomètre en marchant sachant qu'il y avait des escaliers sur cette portion et en haut j'aurai de la route. J'arrive à retrouver une allure correcte dans les 7'/km.

Le prochain ravitaillement est au 136ème. Nous avons maintenant une bonne météo pour courir, il ne fait pas trop chaud, le ciel est couvert et les paysages sont somptueux. En revanche, niveau coureur c'est un peu mort, plus on avance et moins je vois de monde. Heureusement qu'il y a quelques relais sur mon chemin pour ne pas avoir une sensation de solitude totale. 

136,6km: 17h01 88ème, Larmor Baden. Nous avons des plots au milieu de la route et on croise ceux qui repartent du ravitaillement. J'arrive sur celui-ci et je dis à ma femme que je vais devoir couper le live track car ma batterie ne va pas tenir et j'ai perdu mon câble (surement en sortant un truc de mon sac) Mes filles s'occupent de me remplir les flasques. On voit la team ruban bleu et je leur demande si quelqu'un n'aurait pas un câble Garmin à me prêter, mais personne. Ils essayent de me trouver cela pour le prochain ravitaillement. 

Je repars en coupant le live track, ce qui sera moins pratique pour ma femme pour le suivi. Le parcours se complique et il va falloir alterner marche et course. Les premiers du 56km me doublent à une vitesse folle, je les laisse passer. Sur certaines zones c'est assez galère car je ne peux pas me ranger et je sais que je les ralentis mais je fais au mieux pour avancer. 

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Nous sommes sur la zone où la distance entre les deux ravitaillements est la plus longue, 22km, il va falloir gérer l'eau au mieux.  J'ai passé ma montre en mode ultra pour économiser de la batterie au maximum, de ce fait, ma distance est un peu tronquée car la montre prend un point toutes les 1'.

Je commence à avoir mal au crâne, surement dû à la fatigue et le soleil peut-être. Je vais essayer un truc, je prends mes lunettes de soleil adaptées à ma vue (même si elles ne sont pas faites pour courir) Je me dis que cela ne peut faire que du bien car je vais diminuer la fatigue visuelle. 

Il y a un gros passage technique avec des cailloux, des rochers énormes, j'ai l'impression de faire de l'escalade. Il y a des racines partout, là c'est clairement pas mon domaine. Je gère tranquille pour passer cela, je prends mon temps mais ça passe plutôt bien. 

Je vois que je suis bientôt à cours d'eau et qu'il reste quelques kilomètres. Il y a pas mal de monde à faire des pique-niques. Je sors mon gobelet et demande de l'eau, les gens acceptent et du coup deux autres coureurs font de même. 

158km: 20h37' 79ème, Arradon: nous y sommes, dernier ravitaillement et c'est fini. J'arrive, je donne ma montre à ma femme qui a récupéré un câble pour charger un peu ma montre, cela devrait suffire avec le passage en monde ultra. Je vais remplir mes flasques et nous repartons en marchant tous les quatre pendant une centaine de mètres. 

Le point chiant avec mes lunettes c'est qu'elles ne sont pas faites pour courir et que ça glisse mais je sens tout de même une différence depuis que je les portent. Il faudra que j'investisse dans des lunettes adaptées pour le coup. 

Il me reste moins de 17km à parcourir et 3h20 pour passer sous les 24h, en toute logique c'est gagné sauf gros gros coup de mou. Je repars et je double même des coureurs du 56 partis beaucoup trop vite qui explosent en plein vol. J'en vois même un s'allongé pour dormir ! 

De mon coté, dès que je peux trottiner je le fais, la foulée est encore correcte. Je me retrouve avec deux coureurs du 56, un homme et une femme, on se double et redouble régulièrement c'est assez rigolo. Il y a encore quelques portions techniques mais là mentalement je suis au top, je sais que je vais au bout et que je vais finir avec une bonne foulée.

Je ne vois toujours pas de trace des coureurs ASICS Jeremie, Camille, Mathilde, je regarde l'application vite fait, ils ne devraient pas me rattraper, ni Yoann d'ailleurs. 

Niveau kilométrage je suis un peu à l'ouest avec mon mode ultra, pour moi il reste 10km à ma montre quand un coureur me dit qu'il en reste 8, trop cool, ça me va nickel ça. Je me retrouve encore avec mes deux compères du 56, mais cette fois-ci je suis moins sympa. Je leur dis "c'est pas normal, je suis sur le 175 et vous le 56 et je vous rattrape, allez, filez devant je veux plus vous voir!" Je veux les piquer dans leurs orgueils et ça semble fonctionner, ils partent devant. J'en profite pour rappeler Jeremy qui a essayé de me joindre, on échange tranquillement et je repars. 

On fait le tour d'une île où l'on passe également sur le marathon de Vannes puis direction le port. Le public est présent et le dossard jaune du 175 fait son effet, les gens applaudissent, félicitent, ça prend aux tripes. 

J'approche du port, il me reste un peu plus d'un kilomètre quand je m'amuse à accélérer et retrouve une vraie foulée de coureur. Mes filles me retrouvent, nous finissons de longer le port ensemble avant de faire un virage à 180° et d'arrivé sur le tapis bleu de la zone d'arrivée. 

J'encourage mes filles à courir, la ligne d'arrivée est devant nous. Nous la franchissons ensemble encouragé par ma femme sur le bord. Une fois fini je récupère ma veste de finisher et ma médaille. Ma grande me dit : "Papa j'ai mal aux jambes à cause du sprint" et moi alors ^^ 

Je finis donc en 22h42'57'' soit quasiment 6h de mieux qu'il y a deux ans, 77ème sur 1408 partants et 9ème de ma catégorie sur 210. Je suis pleinement satisfait de ma performance du jour, moi qui visait moins de 24h, c'est chose faite et bien faite.  

Maintenant direction la douche et l'ostéopathe, Je retourne sur la ligne d'arrivée pour allé féliciter Yoann qui vient de finir en 24h11, une très belle performance. 

Conclusion :

Sur un plan personnel, je suis super content de mon résultat. Je suis parti blessé, le premier marathon a été dur et une fois la machine en route j'étais à bloc pour allé chercher ce sub 24h qui est même devenu un sub 23h. Sur la gestion de course, je suis assez content, j'aurai pu manger un peu plus je pense mais globalement ça été. 

Trop content d'avoir pu partager cela avec ma femme et mes filles, de les voir régulièrement, de les savoir présentes aide clairement à se dépasser et cette arrivée est juste magnifique. 

Content d'avoir partagé cela avec les potes présents sur place: Yoann, Philippe, Guillaume, Carole, Lilicorne,.... Merci à Remi, Blandine, Sylvain et Fred d'être venu. Merci à tous pour vos messages, appels... cela m'a également permis de me dépasser. 

Concernant la course, l'organisation est bien huilée, ça tourne bien mais cependant, quelques petits couac selon moi. Les sas de départ totalement inexistant ce qui fait que tout le monde semble perdu au départ, tu te retrouve avec des sas1, des 3 des 5, bref tout le monde est mélangé. Je ne comprends pas l'intérêt de nous demander de choisir un sas et de ne pas le mettre au départ. Les derniers concurrents n'avaient pas de poncho pour la traversée en bateau et ont fini complètement trempé, un ravitaillement de plus sur la fin de course serait appréciable.

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Les bénévoles ont été au top du top, gentils et avenants, les ravitaillements sont généreux. La veste et la médaille de finisher sont vraiment sympa. 

Maintenant il faut trouver le prochain défi!

Mon matos sur cette course :

Chaussures : Novablast 3  deux paires

Chaussettes : Asics Camo Color Run deux paires

Sac : Fujitrail Hydratation 7L

Montre Garmin fenix 6 pro (test ici)

Maillot : Asics 

Bandes de tape

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D
C'est toujours avec plaisir que je lis tes comptes rendus.<br /> Merci
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G
Super CR. Belle course et quel mental pour partir avec une telle douleur et finir. Respect !!!!<br /> Bonne récupération.