100km Semnon 2018 : Vent, pluie, souffrance, solitude mais finisher !

27 Septembre 2018 , Rédigé par Runner Life Publié dans #ultra

Le Semnon et ses fameux 100km, appelé aussi la course aux 80 bosses. Mon objectif sur cette course était simple: battre mon record sur 100km fait l'an passé à Millau en 10h52' et l'objectif rêver passer sous les 10h. 

Pour cette course, contrairement à l'an passé, j'ai décidé de prendre un suiveur. J'ai fais ce choix car je savais que nous ne serions pas nombreux au départ et qu'il y aurait de longs moments seul. En cas de pépin, passer des dizaines de kilomètres sans soutien peut être fatal mentalement. 

Sauf qu'en course à pied, entre les projets, le plan de course et la réalité tout peu arriver, et c'est ce qu'il s'est passé le 23 septembre. 

Dimanche 23 Septembre 3h15: le reveil sonne ! Quel idée de se lever aussi tôt un dimanche matin, tout ça pour allé courir 100km ! Le plus fou, ma femme se lève aussi pour m’emmener sur le lieu du départ et me suivre tout le long de la course !

 

4h30: arrivée sur le lieu du départ à Bain de Bretagne. Après quelques petits détours, nous trouvons le parking, il faut dire qu'il n'y a aucune pancarte d'indication ce qui est dommage. 

Quelques minutes plus tard, je retrouve Julien mon acolyte du jour (marathonien et triathlète) On charge le panier du vélo et Julien prend le sac avec des affaires de rechange. Direction la ligne de départ. 

Nous y sommes, le départ sera donné dans quelques minutes. Nous étions 49 inscrits et seront finalement 46 à nous élancer dans cette aventure. Je retrouve quelques têtes connues, il faut dire que l'on retrouve souvent les mêmes sur c'est grande distance sur route. 

5h: Le départ est donné dans une ambiance un peu molle, il faut dire que l'heure n'aide pas.

1km soit 1% de la course de fait ^^: tout va bien pour le moment, le départ est en descente ce qui facilite l'allure est correct. 

Concernant la météo, nous avons entre 18 et 19° ce qui est parfait pour courir. 

3km 16'06: Julien parti environ 5' après moi me rejoins. C'est parti pour cette aventure en binôme. Pour le moment, les écarts entre les participants sont assez faibles et les éclairages aident à visualiser les personnes devant nous. 

8km 42'42': Passage dans la petite commune de la Noë Blanche où je retrouve ma femme pour les premiers encouragements ce qui fait du bien mentalement même si nous ne sommes qu'au début de course. 

Il faut dire qu'il est 5h42 et que beaucoup de gens dorment ce qui n'aide pas à avoir du monde sur le bord des routes pour nous soutenir. 

10km 53'54'' nous sommes dans les temps de l'objectif cependant j'ai une sensation étrange, je n'arrive pas à courir à mon allure d'entrainement. Une allure que je tiens en footing mais à ce moment impossible d'y arriver sauf en forçant. J'oublies tout de suite l'idée de forcer dès le début de course et préfère le faire aux sensations.

Quelques kilomètres de plus nous, nous croisons des supporters ! Enfin je pense qu'ils s'agissait plutôt de fêtards n'ayant pas dormi et qui ont vu de la lumière sur la bord de la route et qui se sont mis à encourager les coureurs. Cela dit, ils ont eu le mérite de nous faire rire. 

15km 1h21' un pied devant l'autre, on garde le cap sur l'objectif. Le vent a fait son apparition depuis quelques kilomètres et on rajoute à cela une petite pluie fine pour avoir un beau temps bien breton. 

Semi-marathon 1h54' toujours dans l’objectif j'ai 2' d'avance sur mon temps de Millau. Ce premier semi nous confirme la difficulté du parcours qui n'est jamais plat, soit on monte soit on descend ! 

Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons dans La Dominelais, un bénévole nous indique que je suis 10ème avec 11' de retard sur l'homme de tête.  Avec Julien on est bien content d'entendre cela ce n'est pas un écart hors norme.

28km 2h34 je retrouve une nouvelle fois ma femme sur le bord de la route qui m'encourage. Je ne dis rien mais cela fait quelques kilomètres que j'ai une gène au talon, j'ai évoqué le sujet avec Julien, nous verrons bien comment cela va évoluer au fil de la course. 

Le jour commence à faire son apparition, nous allons pouvoir lâcher la frontale ce qui ne va pas faire de mal. Le temps ne s'annonce pas top un beau ciel gris qui s'offre à nous menaçant de pleuvoir à tout moment. 

 35km 3h15' la douleur s'est déplacée sur l'avant du pied et je n'arrive pas à poser mon pied au sol comme je le souhaite. J’évite que mon gros orteil ne frappe le sol pour ne pas accentuer la douleur. Le souci c'est que je commence à sentir une gène dans l'autre pied, surement la compensation dû à la douleur à droite....la course s'annonce de plus en plus longue...

Je demande à Julien d'appeler ma femme qui a une paire de chaussures de rechange afin qu'elle les prépare à notre prochain point de rendez-vous qui sera le marathon. 

A ce moment précis, je sais que le sub 10h est à oublier. De son côté, Julien me maintien que cela reste possible. 

Marathon 3h59' soit 9 ' d'avance sur mon temps à Millau et cela malgré la gène au pied. 

Une centaine de mètre plus loin je retrouve ma femme qui me donne mes chaussures. Changement de pneus, je ne sais pas si cela sera bénéfique mais à ce moment là j'ai pas d'autre option.  

J'en profite pour prendre le temps de bien boire avant de repartir. 

50km 4h49' toujours le même écart avec Millau de 9' et accessoirement je bats mon record sur 50km !  Concernant le pied, le changement de chaussures a fait du bien, la douleur est toujours présente et elle semble s’atténuer.  

Le fait d'être avec Julien me fait du bien aussi, on commence à beaucoup plus discuter que sur le début de course où nous étions un peu plus concentré sur l'objectif.  Discuter permet de libérer l'esprit et d'évité de se focaliser sur la douleur. 

55km 5h25' Nous venons de passer une bonne grosse difficulté où j'ai marché pour la première fois de la course. Les douleurs commencent à revenir ! 

La route est longue, moi qui ai fais deux 100 kilomètres, j'étais habitué à Millau où nous ne sommes que très rarement seul (1200 participants) où sur la deuxième partie on croise les premiers. Là c'est le néant, on se fait doubler par un coureur tout les 15-20km 

60km 6h04' nous y voilà, on bascule de l'autre côté, j'ai maintenant 4' de retard sur Millau adieu le RP pour aujourd'hui le but maintenant c'est d'être finisheur !

Je retrouve ma femme, j'en profite pour prendre les encouragements qu'elle me donne, de ne pas lâcher que je vais finir. 

Cette deuxième partie est plus complexe que la première, encore plus de petites montées et descentes à enchaîner, je marche de plus en plus .

J'avoue à Julien que sans lui j'aurai abandonné la course. Il est là, il me soutien, il m'encourage, et au delà de ça on discute ensemble de tout et de rien mais cela permet de faire passer le temps plus vite. 

70km 7h22' aie aie 1h18 pour faire 10km....on va pas se le cacher, je suis dans le dur, l'alternance marche-course n'aide pas à avoir une allure correcte, surtout que lorsque je cours je suis loin d'être flash. Pour le moment, la marche s'effectue toujours dans la montée. 

Les douleurs sont de plus en plus fortes et je n'arrive vraiment pas à poser mon pied droit au sol comme je le souhaite ce qui est bien handicapant.

80km 8h43 la vitesse continue de chuter et pourtant nous venons de nous faire une belle descente. Il nous reste 20km à parcourir pour être finisheur !

Le parcours n'est pas 100% route, nous empruntons aussi quelques chemins sur plusieurs kilomètres ce qui permet d'avoir des impacts moins violent pour mes pieds. Julien de son côté continu de gérer mes ravitaillements en me donnant de l'eau,boisson d'effort,....

Quelques kilomètres plus loin, après une bonne montée j’aperçois ma femme mais aussi mes filles et mes parents. Que ça fait du bien d'entendre des : "Allez papa, allez papa..." cela me boost moralement

 85km 9h25' fini la petite pluie fine que nous avons eu sur la première partie de course place maintenant à la bonne grosse averse celle qui vous mouille de la tête aux pieds !  Julien me demande si je veux ma veste de pluie. Je lui dis que ce n'est plus utile vu dans l'état où nous sommes, cela ne changera pas grand chose je suis déjà trempé. 

86km Une voiture avec de la musique et des gyrophares fait son apparition derrière nous ! Julien me dit c'est pas la voiture balai quand même??!  Sincèrement je pense pas, il est 14h30 et la fin de course est annoncée à 19h ! 

De plus, je ne pense pas être dernier, après je lui dis si jamais c'est le cas je préfère être dernier finisher que premier abandon ^^

Finalement, on découvre que c'est la voiture de tête pour ceux qui le font le relais. (parti a 9h) On se fait donc logiquement doubler par le premier du relais cependant, nous sommes assez surpris car il en dégage une aisance naturelle dans sa foulée. 

J'annonce à Julien que sur les 5 derniers kilomètres, que j'ai mal ou pas mal, je forcerai pour courir à une allure correcte. On est proche des 90km et mis à part leurs douleurs aux pieds je suis bien. 

90km 10h09' Nous y sommes, dernière ligne droite, c'est maintenant où jamais ! Sauf que là,c'est plus jamais, les douleurs commencent à remonter sur le tendon au niveau du tibia. Je fais des pauses à cause de la douleur. 

Nous avons une belle ligne droite face à nous et je n'arrive pas à courir. Julien descend de son vélo pour marcher à coté de moi. J’aperçois ma femme et mes filles au loin sur le bord de la route mais même avec ça je n'arrive pas à repartir! Je suis dans le dur là mais j'irai au bout. 

On passe devant mes amours, elles m'encourage "allez tu vas aller au bout" La première féminine me double à ce moment précis.

93km 10h42 ! oui j'ai fais 3 kilomètres en 33' !!! Fini la solitude, nous voyons des coureurs, le problème c'est que tout le monde me double d'abord le 3ème en relais puis la seconde féminine du 100km et encore un relais. 

Après un Virage à gauche, Julien me dit "regarde on aperçois le château d'eau de Bain de Bretagne qui est sur les lieux de l'arrivée". On distingue aussi le leclerc ! Je pensais pas être content de voir Bain de Bretagne un jour et pourtant là je suis ravi. 

Moralement c'est peut-être rien mais c'est tellement agréable de se dire que l'on voit enfin le bout de cette aventure. 

95km 11h01'30'' j'avoue ne pas avoir vu le panneau des 95ème comme celui des 90km. Nous arrivons à un ravitaillement le dernier pour le coup. Je prends un verre de coca pendant que julien prend une banane pour lui. Là il me dit "allez il reste moins de 5km!" 

Quoi on a passé le 95ème ! Ni une ni deux je laisse Julien se ravitailler et je pars. Je commence à courir je regarde ma montre je suis à moins de 6' au kilo !!!! 

Julien me rejoint et s’arrête pour un souci de téléphone. A ce moment là je me dis allez donne tout pour qu'il te rattrape le plus tard possible. 

96km Nous sommes en faux plat descendant. Un virage à droite et une dernière difficulté. Je maintiens l'allure je suis même sur les 5' au kilo !  Dans cette montée j’aperçois la deuxième féminine qui m'a doublé il y a quelques kilomètres. Je la vois qui marche l'objectif la doubler.

Je me retourne j’aperçois Julien qui revient sur moi. Arrivé en haut de la côte je double la seconde féminine et la dépose même Julien est toujours derrière. 

97km 11h14' il me rejoint je lui dis "t'as vu cette allure !" Nous sommes à ce moment là sous les 4' au kilo !!!! Je vais faire mon kilomètre le plus rapide de la course à la fin !

A ce moment là je ne pense qu'à une chose franchir la ligne, la douleur est toujours là mais je m'en fou c'est ma fin de course et je veux kiffer ce moment. 

98km 11h19' On retrouve les gens du relais qui font les deux derniers kilomètres tous ensemble.  Je passe devant eux et quelques secondes après une équipe part.

Julien me lance alors un défi l'objectif ne pas se faire rattraper par cette équipe et franchir la ligne d'arrivée devant eux !

Banco, je relance mon effort je sers les dents, je me retourne pour voir où il sont. L'écart me semble stable 

99km 11h23'12'' Dernier kilo c'est maintenant qu'on commence à avoir du public qui nous encourage. Julien m'annonce qu'il reste 0.5% de la course à parcourir ! On se retourne tous les deux et l'écart avec le relais est creusé c'est sur ils ne me rattraperont pas maintenant. 

Un dernier virage à droite et j’aperçois la ligne d'arrivée. J’aperçois aussi mes filles sur le côté avec des ballons dans les mains prêtes à faire les derniers mètres de la course avec moi ! 

J'adore tellement ce moment franchir la ligne d'arrivée avec mes miss c'est juste énorme et cela me rend fier

100km11h26' 14ème sur 37 finisher seulement à 34 minutes de mon RP

Conclusion : 

Ce 100km a été le plus dur des trois que j'ai fais. Pas forcément dû au parcours qui est casse pattes car nous sommes toujours en relance sur les 100km avec Julien on estime moins de 7-8km de plat sur le parcours le reste du temps on monte où on descend. 

Non le plus dur c'est d'être en si petit comité et de ne voir ni coureur ni spectateur pendant  de longs très longs moments. Mentalement si vous êtes bien vous n'aurez aucun souci sauf de trouver cela monotone peut-etre. Mais lorsque vous êtes dans le dur là c'est autre chose. 

Je l'ai déjà dis mais sans Julien aujourd'hui je ne pense pas que j'aurai eu la force d'allé au bout, la douleur, la solitude, le vent la pluie... les conditions étaient réunies pour un calvaire. 

Je n'avais pas le droit de lâcher, aujourd'hui ma femme et julien se sont levé à 3h15 pour m'accompagner sur cette aventure, je en pouvais pas lâcher j'avais pas le droit ! 

Concernant l'organisation de la course, les ravitaillements sont bien présents tous les 5km, le parcours est bien balisé. Avoir quelques groupes de musique sur le parcours serait sympathique au moins dans les petites communes traversées lorsqu'il fait jour.

La médailles a la fin c'est sympa, rajouter dessus 100km du semnon et l'année serai un petit plus. 

Je tenais à féliciter les bénévoles car ils avaient le sourire, ils ont su nous encourager, et ils sont restés dans le froid et la pluie une bonne partie de la journée et certains ont aussi dû se lever aux aurores pour que l'on puisse vivre cette aventure. 

 

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E
Bravo pour ce 100km !!!! A lire ton récit, je vois bien que ça n'a pas été tout rose et que le mental reste le meilleur des moteurs ;) Je n'envisage pas encore de faire des distances aussi longues mais je me suis lancé le défi de faire mon 1e trail de 45km en 2019 (j'espère que ça me donnera le goût des longues distances). Sinon as-tu identifier l'origine de ta douleur au talon puis sur l'avant du pied ?
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R
Merci :) . En effet cela n'a pas été tout rose mais c'est le jeu des grandes distance. Il semblerai que j'ai une aponévrosite plantaire